No 2, 2008
XIIe Séminaire Canadien de
Sexoanalyse
Havre Familial
Centre de plein air Ste-Béatrix (Québec)
6-7-8 juin 2008
Présentation du séminaire par Marie-Annick Kerr
Sexoanalyse, biologie et vision orientale tantrique
Jacqueline Comte
La sexoanalyse s'est développée à partir d'observations cliniques et
s'est centrée sur les aspects psychiques de la sexualité. Ce faisant,
elle a identifié 4 besoins psycho-sexuels de base. Or ces derniers ont
aussi une assise biologique. Ainsi, le besoin fusionnel est un besoin
vital régulé par différents processus biologiques, dont l'ocytocine,
hormone sécrétée afin de maintenir l'attachement. Le besoin d'une
identité genrale confortable se retrouve fortement lié aux aspects
biologiques de la reproduction. Trois besoins psycho-sexuels ont, en
outre, une équivalence en philosophie orientale. Le besoin fusionnel
correspond à la notion d'Unité dans la Totalité, le besoin narcissique
à la notion de perfection du Soi, le besoin d'individuation à la notion
d'incarnation. Quant aux notions de féminité et de masculinité, elles
sont comprises différemment comparativement au monde occidental et aux
observations sexoanalytiques: le masculin est associé à la nature
essentielle des éléments, dans leur immuabilité, alors que le féminin
matérialise ces éléments de par son action. Ainsi, l'initiative et
l'action, dans la rencontre sexuelle, sont des caractéristiques
associées à la féminité.
Difficultés amoureuses dans une structure psychosée.
Présentation de cas
Marie-Annick Kerr
Présentation de cas d’une jeune femme de 21 ans de structure
psychotique (pré-paranoïaque) aux prises avec des difficultés
amoureuses. Le cas présenté tend à démontrer la difficulté que présente
le désir de l’Autre dans les cas de structure psychosée. Noué à la
répétition de l’histoire familiale dans la relation de couple du cas
présenté, il est exploré qu’être réduit à la fonction d’objet de
jouissance de l’Autre équivaut à l’établissement d’une relation
mortifère où le sujet se voit réduit à une mort subjective (psychique)
pouvant conduire à un passage à l’acte suicidaire. En second lieu est
présenté la possibilité d’une construction thérapeutique bricolée
autour d’une « féminité de surface » (hystérisation dans une structure
psychotique) qui, pour le cas présenté, a permis de contrer et de tenir
à distance les voies praticables d’un délire.
Incidence de l'attachement paternel sur la dyspareunie : une
étude de cas sexoanalytique
Martine Poirier
La présentation du cas clinique a tenté de démontrer qu'un attachement
paternel excessif peut constituer une des causes importantes de la
dyspareunie. L'hypothèse s'appuyait sur la rivalité entre la mère et la
fille à l'origine d'un comportement de refuge dans le territoire
paternel pour espérer combler un vide narcissique. Inconsciemment, la
dyspareunie permettrait donc au sujet de s'abstenir sexuellement afin
de rester fidèle au père. Afin d'illustrer l'hypothèse, les trois
sphères du modèle sexoanalytique ont d'abord été utilisées pour mettre
en lumière la dynamique sexuelle et relationnelle de la cliente en lien
avec le rapport au père. Ensuite, l'exploration de l’inconscient a fait
ressortir l'importance du père dans les fantasmes, les rêves et
certaines anxiétés. Puis, le complexe d'Œdipe a permis d'établir en
quoi l'existence de la rivalité avec la mère peut inciter la femme à se
réfugier dans une relation de proximité avec le père. Finalement,
l'étude aura permis d'identifier une défaillance dans le processus
d'individuation de la cliente.
Les désordres de la vie amoureuse : l’inaptitude à
transformer un lien amoureux en relation affective sexualisée durable
Guy Lévesque
L`auteur cherche à mieux comprendre les désordres amoureux et
particulièrement l`inaptitude à transformer un lien amoureux en
relation affective durable (ITLA RASD). Il porte une réflexion sur la
nosographie sexologique et sexoanalytique en situant les désordres
amoureux dans la classification des troubles sexuels selon la
sexoanalyse. Certaines caractéristiques de l`ITLA RASD sont décrites
ainsi que des significations possibles. Le dimorphisme et les
diagnostics différentiels sont également analysés. La conférence se
termine sur des pistes d`intervention auprès de personnes souffrant de
ce désordre.
Anxiété de masculinitude et impacts sur la fonctionnalité
érotique des délinquants sexuels
Suzanne Gagné
Cette étude porte sur les difficultés liées à la genralité et à la
fonctionnalité érotique des délinquants sexuels. Elle repose sur 25
années de sexologie clinique auprès de cette clientèle. Le travail
sexoanalytique a permis de repérer trois types de fonctionnement genral
: 1. L’homme hypomasculin, 2. L’homme hypermasculin et 3. L’homme en
apparence masculin. Le fonctionnement sexuel diffère d’un groupe à
l’autre alors que des similitudes et des constances sont retrouvées
chez les individus d’un même groupe. Les 3 groupes présentent des
conflits liés à la masculinité et à la différence sexuelle. Ces
conflits entraînent une utilisation défensive de l’agressivité
phallique. Les conduites érotiques atypiques et les déviances sexuelles
permettent de contourner et/ou de neutraliser, temporairement, le
conflit sexuel. Ces conflits liés au sexuel jouent un rôle central et
ils sont considérés comme des facteurs prédisposant, perpétuant et
précipitant de la récidive sexuelle. Des symptômes spécifiques de la
fonctionnalité érotique sont repérés chez les 3 groupes.
L’anxiété de ré-engloutissement chez la femme : Une
conception du trouble du désir sexuel
Joanne Lépine
L’anxiété de ré-engloutissement (ou anxiété de resymbiose) est la peur
de régresser au stade symbiotique et de perdre son identité personnelle
(Crépault, 1986, Protoféminité & développement sexuel. p.156).
La sexoanalyse s’est peu intéressée à l’anxiété de ré-engloutissement
chez la femme puisqu’elle ne vient pas, comme chez l’homme, de la
menace de perdre l’identité sexuelle. Comme elle est du même sexe que
sa mère, l’identité sexuelle de la fille est préservée. L’anxiété de
refusion proviendrait davantage du risque d’y perdre son identité
personnelle. L’auteur se questionne sur les manifestations possibles de
l’anxiété de ré-engloutissement dans la sexualité féminine.
À partir d’une analyse rétrospective de 5 dossiers de femmes qui
présentent un trouble du désir sexuel secondaire, l’hypothèse de
l’anxiété de ré-engloutissement est soutenue par l’exploration et la
symbolique de leurs fantasmes sexuels. Dans tous les cas, il y a
discordance entre l’homme fantasmé et le conjoint. La génitalité occupe
une place importante. Pour la plupart des femmes, leurs partenaires
renvoient à l’image d’une mère soumise et faible de qui elles se sont
contre identifiées. Poussées à s’individualiser, ces femmes ont déployé
une agressivité d’affirmation. Le trouble de désir sexuel est en
relation avec la perception que le conjoint est fusionnel, accaparant.
Chez ces femmes, le trouble du désir sexuel aurait comme bénéfice de
garder le conjoint fusionnel à distance. Elles préservent ainsi leur
identité personnelle. L’anxiété de ré-engloutissement serait un facteur
étiologique du trouble du désir sexuel féminin.
Figures de la dyspareunie
Katia Fournier
Les figures de la dyspareunie sont ces configurations que nous donnent
à voir les femmes qui consultent pour des douleurs lors des relations
sexuelles. Au fil de mes années de pratique, j’ai été amenée à
distinguer cinq figures non mutuellement exclusives : la petite fille,
la conjointe du pervers, la conjointe du fusionnel, la femme en colère
et la femme parfaite et en ordre. Le sens que prend le symptôme
(douleur) ainsi que le plan de traitement diffèrent selon les figures.
À ce portrait horizontal se superpose un plan d’analyse vertical
comportant les couches plus profondes dans l’étiologie de la
dyspareunie, couches que l’on retrouvera dans le lien aux imagos
parentales, la genralité, le rapport aux hommes et à la différence
sexuelle. Des vignettes cliniques serviront à illustrer le propos.
Outre l’apport du sexoanalyste, la prise en charge de la dyspareunie
doit être globale et mettre à contribution le médecin et le
physiothérapeute.
Comité organisateur
Julie Laurion, M.A. – sexologue
clinicienne ASQ et sexoanalyste, Laval, ancienne présidente de
l’Institut canadien de sexoanalyse
Marie-Annick Kerr, M.A. - sexologue
clinicienne, sexoanalyste et psychothérapeute d’orientation
psychanalytique. Présidente de l’Institut canadien de sexoanalyse
Isabelle Barber, M.A. – sexologue
clinicienne et sexoanalyste
Alessia Longo, M.A. – sexologue
clinicienne et sexoanalyste
Conférenciers
Jacqueline Comte, M.A. – sexologue clinicienne ASQ et sexoanalyste, étudiante au doctorat en sociologie de la sexualité à l’Université Laval, Québec.
Katia Fournier, M.A. – sexologue
clinicienne ASQ et sexoanalyste senior, directrice de la Revue
internationale de sexoanalyse, formatrice en sexoanalyse, Rimouski.
Suzanne Gagné, M.A. – sexoanalyste
senior, superviseure Institut international et Institut canadien de
sexoanalyse. Sexologue en expertise sexo-médicale, Clinique
d’évaluation et de traitement des troubles du comportement sexuel du
Centre hospitalier Robert-Giffard de Québec. Superviseure stage en
sexologie clinique, Université du Québec à Montréal & Institut
Universitaire en santé mentale, Centre hospitalier Robert-Giffard.
Marie-Annick Kerr, M.A. - sexologue
clinicienne, sexoanalyste et psychothérapeute d’orientation
psychanalytique. Présidente de l’Institut canadien de sexoanalyse.
Montréal.
Joanne Lépine, M.A. – sexologue clinicienne ASQ et sexoanalyste senior, directrice du Centre de médecine sexuelle Concorde, Laval.
Guy Lévesque, M.A. – sexologue clinicien
et sexoanalyste senior, chargé de cours et coordonnateur des stages en
sexologie clinique à l’Université du Québec à Montréal.
Martine Poirier, M.A. - Sexologue clinicienne ASQ, sexoanalyste, trésorière de l'Institut canadien de sexoanalyse, Gatineau.